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Maniak-o-rama!
26 octobre 2007

A very british gangster

2006
Royaume Uni
Documentaire
Réalisé par Donal McIntyre
Avec: Dominic Noonan...

La critique sur tortillafilms

Dominic Noonan a 37 ans. Il en a passé 22 en prison. C’est le parrain d’un puissant gang de Manchester. Cet ancien braqueur de fourgons a sa part dans toutes les activités illégales de la ville : vols rackets, trafics… Il se confie et raconte son existence à la caméra de Donal McIntrye.

A very british gangster est réalisé par un journaliste d’investigation célèbre outre-Manche. Il a passé 3 ans auprès du gang de Noonan, et son film a remporté cette année le Grand Prix au Festival du Film policier de Cognac.
Les braquages, les meurtres, la drogue, les procès, la prison… Noonan est loquace et semble ne rien vouloir cacher. Il raconte ses débuts dans le milieu, où alors qu’il était videur dans une boite de nuit, il a décapité un chien pour impressionner un gang adverse… Volontiers vantard, le gangster raille les gardiens de prisons devant la caméra, et nous livre quantités d’anecdotes croustillantes. Comme cette fois où son gang le fait évader de prison le matin pour aller braquer deux fourgons blindés dans la même journée ! Le lendemain Noonan est repris et de retour en prison !
Que ces histoires soient vraies ou fausses importe peu, car dans les deux cas elles en disent long sur la personnalité du parrain, soucieux de laisser une trace, de faire vivre sa "légende". De même, Noonan paraît ravi de se retrouver dans un film et il n’hésite pas à cabotiner comme un acteur, sortant avec assurance des répliques qu’on dirait sorties tout droit d’un film policier. Tous les gangsters qu’on voit dans le documentaire se prêtent au jeu. Nourris des films glamours qui brossent le portrait de gangsters fantasmés, les vrais truands s’efforcent de se donner cette apparence romantique et reproduisent ainsi tous les clichés du genre, comme s’ils jouaient un rôle. Et c’est assez saisissant de voir cette galerie de trognes patibulaires, de têtes brûlées, de gros bras tatoués et d’ex taulards jouer leur propre rôle.
Un rôle que le réalisateur semble prendre lui aussi plaisir à mettre en scène. Travellings faits à la grue, plans alambiqués et passages accompagnés de musique pop rock branchée abondent dans ce documentaire qui prend soudain des airs de film hollywoodien. La presse, relativement dithyrambique, n’hésite d’ailleurs pas à évoquer le cinéma de Scorsese, Les Affranchis notamment, pour qualifier le documentaire. Il faut avouer que le parallèle est tentant, et sans doute voulu par le réalisateur. En effet si Scorsese a pour credo de s’approcher le plus possible de la réalité via une œuvre de fiction, A very british gangster fait l’exact contraire et nous livre un film de gangsters fait avec de vrais bandits.
Il faut dire que la personnalité fascinante de Noonan est propice à ce genre d’exercice. Si son physique d’armoire à glace et son air peu commode effraient d’un premier abord, le parrain se révèle également blagueur et sympathique. Ces deux aspects donnent un résultat assez saisissant. Ainsi on le voit parler sans complexe et avec bonhomie de toutes ses entorses à la loi et de celles de ses camarades. Il faut le voir éclater de rire lorsque son frère (un tueur à gages toxicomane) annonce qu’il n’a jamais tué personne. L’homme ment ostensiblement et la scène prend soudain des atours sinistres.
A ce titre, bien qu’il ne montre jamais de scène violente et même très peu d’armes, Donal McIntyre franchit par instant le Rubicon et sombre à la fois dans le sensationnalisme malvenu, jouant le jeu des gangsters.
Mais ne gâchons pas notre plaisir car malgré quelques passages parfois douteux, A very british gangster reste un très bon documentaire qui nous plonge dans une micro société régie par des valeurs totalement différentes de celles du commun des mortels.
Le documentaire brosse ainsi un portrait complet et pertinent de ce monde. Il va même jusqu’à dénoncer les failles des services sociaux dans les quartiers les plus pauvres de Manchester. Failles dans lesquelles la mafia s’engouffre avec précipitation, soucieuse de se donner une image de "robin des bois" auprès de populations aptes à rejoindre ses rangs…
Bref A very british gangster est un documentaire plutôt conseillé, à la fois par son coté informatif et engagé que par son coté cinématographique avec sa mise en scène ludique et ses personnages typés.

noonan
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